Les bottes rouges

Un roman (re-)découvert (datant de 2000) de Franz Bartelt, au talent décidément sans fin… Humour mordant, cynisme et regard acéré sur les petitesses de la vie des gens font ici, comme toujours, très bon ménage ; et quel langage ! – comme je l’ai lu ailleurs, Bartelt, c’est l’anti-Musso : à savoir avant d’en commencer la dégustation…

Extrait :

« Il n’y a à vrai dire que lorsqu’on a vu une femme manger de la soupe qu’on peut prétendre la connaitre assez bien. La façon de tenir la cuillère, de la porter à la bouche, de l’introduire plus ou moins profondément, de la serrer plus ou moins entre les lèvres, d’en renverser le contenu ou bien de l’aspirer, la vitesse ou la lenteur avec laquelle l’assiettée est consommée, la position du corps, celle des paupières, ce à quoi aussi pendant ce temps s’occupe la main libre, crispée sur la serviette, immobile sur la nappe, jouant avec de la mie de pain, tout participe de l’expression intime de la personne.

Une bonne mangeuse de soupe, élégante sans trop de raffinement, décidée sans trop de précisions, se révèle presque toujours être d’excellente compagnie à l’heure du déduit.

Je crois sincèrement qu’avant d’engager une relation durable, il est impératif d’avoir partagé la soupe. L’amour y trouve plus facilement sa vérité que dans le ronronnement menteur de la versification. »

2009 femme en bleu

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