Choses lues…

« Faites ce que vous voulez, Charles ! Faites-le ! Faites-le, je vous en supplie de tout mon cœur ! »

Il se dit qu’elle était à point, qu’elle ne lui échapperait plus, qu’il la contrôlait comme une centrale électrique. Elle clignotait, la turbine ronronnait, l’énergie se répandait dans le réseau, s’affolait dans les mécaniques, tombait dans le vase clos des lampes, ondulait dans la trame des couvertures chauffantes, éclatait en couleurs sur les écrans de la télévision, élevait l’eau à ébullition, dorait les viandes et tournait les broches, illuminait les villes, jetait les trains d’un pays à l’autre. Des slogans publicitaires lui revinrent à la mémoire puis aux lèvres, il cria des horreurs à propos des tarifs de nuit, du triphasé, des disjoncteurs automatiques. Il repensa aussi à sa femme qui refusait souvent de faire l’amour parce qu’elle était allergique aux bruits que produisent les corps pendant l’action. Lorsqu’il se montrait trop pressant, elle se résignait. Mais c’est pénible de faire l’amour avec une femme qui se bouche les oreilles.

« Oh, Micheline ! cria-t-il. Il faut que je vous raconte tout de suite…
– Plus tard, Charles…
– Le court-circuit ! hurla-t-il. Je suis électrocuté ! J’ai des watts ! J’ai des watts ! »

– Franz Bartelt (Le costume)

9782070753970FS

 

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